Gaza: négociations pour une trêve
Le Qatar a affirmé mardi que les pourparlers en cours en vue d'un accord de trêve à Gaza entre Israël et le Hamas allaient "prendre du temps". Cela après l'optimisme exprimé lundi soir par le président américain, Donald Trump, quant à une possible percée.
La Défense civile gazaouie a elle fait état de la mort de 29 personnes depuis le début de la journée dans plusieurs attaques israéliennes à travers le territoire dévasté et en proie à une catastrophe humanitaire.
Après 21 mois de guerre, dernier épisode du très long conflit israélo-palestinien déclenché par une attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, l'armée israélienne a de son côté annoncé la mort de cinq soldats dans des combats à Beit Hanoun, ville du nord de la bande de Gaza.
Pas de "blocage", dit Trump
Au troisième jour de négociations indirectes entre Israël et le Hamas à Doha, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, pays médiateur, a indiqué que les négociateurs chargés de la médiation parlaient "séparément" avec les deux délégations "pour établir un cadre pour les discussions". "Je peux dire qu'on a besoin de temps pour ça", a-t-il souligné.
Recevant lundi soir à la Maison Blanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, Donald Trump a écarté tout "blocage", affirmant "que les choses se passaient très bien". Il s'est dit convaincu que le mouvement islamiste palestinien était prêt à accepter un accord. "Ils veulent ce cessez-le-feu", a-t-il dit.
Son émissaire, Steve Witkoff, doit se rendre dans la semaine à Doha, selon la Maison Blanche.
Retrait israélien et aide humanitaire
Les pourparlers "portent toujours sur les mécanismes de mise en oeuvre" d'un accord "en particulier les clauses relatives au retrait (israélien) et à l'aide humanitaire" pour le territoire affamé et assiégé, a affirmé une source palestinienne proche des discussions.
Selon des sources palestiniennes, ils se fondent sur une proposition américaine comprenant une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.
Sur 251 personnes enlevées lors du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l'armée israélienne. Deux trêves en novembre 2023 et début 2025, ont permis le retour des autres otages en échange de la libération de prisonniers palestiniens.
Lundi soir, Netanyahu a affirmé que Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité à Gaza. Selon des sources palestiniennes, le Hamas demande le retrait israélien du territoire, des garanties sur la poursuite du cessez-le-feu et sur une reprise en main de l'aide humanitaire par l'ONU et des organisations internationales reconnues.
"Ecarts minimes"
"La réponse du Hamas a été fondamentalement négative, mais les écarts sont minimes", a affirmé un haut responsable israélien à des journalistes accompagnant Netanyahu. "Nous espérions que cela (la percée) prendrait quelques jours, mais cela pourrait prendre plus de temps", a-t-il ajouté.
"L'accord actuel couvre 80-90%" des demandes israéliennes, a affirmé un autre responsable.
"Les bombardements continuent"
Selon la Défense civile de Gaza, neuf personnes ont été tuées mardi dans une frappe de drone sur le camp de déplacés de Sanabel, près de Khan Younès (sud), et au moins trois enfants et deux femmes tués dans d'autres bombardements.
"J'ai vu des gens transporter des martyrs. On ne sait pas d'où vient la mort, les bombardements continuent", témoigne à Sanabel Chaimaa Al-Shaer, une mère de famille de 30 ans. A Khan Younès, des images de l'AFP montrent des Gazaouis récupérant des corps ensanglantés dans une tente en lambeaux.
Israël empêche les médias de travailler
Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.
Compte tenu des restrictions imposées par Israël aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.
Au total plus de 57'523 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la bande de Gaza dans la campagne militaire de représailles israéliennes, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.